Risques liés à une dépréciation du Yuan (Policy Brief)

2017 démarre sur la thématique de dépréciation du Yuan. La Banque Centrale de Chine a révisé son panier de devises qui lui sert de mesure pour déterminer le fixing, le cours pivot de sa monnaie, qui conditionne le niveau de ses interventions sur le marché des changes. Ce panier comprenait initialement 13 devises contre 24 aujourd’hui. La pondération de l’Euro baisse de 5.1% à 16.3%, le Dollar américain perd 4% pour peser 22.4% dans le nouveau panier tandis que le Yen perd 3.2% et ne représente plus que 11.5%. Parmi les principales nouvelles devises, la monnaie coréenne pèse désormais 10.8% - la 4ème devise pour la Chine – loin devant le Riyal saoudien (2.0%), le Dirham des Emirats Arabes Unis (1.9%) et le Rand sud-africain (1.8%). La Banque Centrale de Chine (PBoC) favorise ainsi une dépréciation du Yuan par des achats de devises étrangères financés par les réserves de change. Ces réserves ont ainsi diminué de 1000 milliards de dollars américains en 18 mois pour s’établir à un peu plus de 3000 milliards de dollars en décembre 2016.

Les pays émergents, particulièrement ceux asiatiques, font ainsi face à trois risques.

Le premier risque est la poursuite de la dépréciation du Yuan ce qui améliore la compétitivité-prix de l’économie chinoise mais dégrade l’avantage relatif des autres pays asiatiques exportateurs de biens similaires. Leur attractivité commerciale diminuerait alors sur le marché mondial.

Le second risque est la poursuite du renforcement du dollar américain qui alourdirait davantage la charge de la dette libellée en dollar de ces mêmes pays et limiterait les possibilités de financer un déficit de compétitivité par le levier d’endettement. C’est le cas de l’Indonésie dont 52% de la dette des entreprises non-financières est libellée en dollar américain et des Philippines dont 80% de la dette externe est contractée en dollar américain.

Le troisième risque est une dépréciation du Yuan qui reflèterait un ralentissement de la demande chinoise et donc un ralentissement des débouchés extérieurs pour les pays tributaires de ce partenaire commercial. C’est le cas de Taiwan, de Hong Kong, de la Thaïlande, de la Corée du Sud ou de l’Indonésie. En outre, la dépréciation du Yuan a été plus forte que l’appréciation du dollar américain en décembre ce qui peut se justifier par un affaiblissement de la balance des paiements dont la balance commerciale et la balance courante ralentissent. La contraction des investissements directs à l’étranger, la sortie des capitaux et une moindre accumulation des réserves contribuent aussi négativement à cette balance. Cette tendance se poursuivrait en 2017. Plus particulièrement, la balance commerciale, produits pétroliers inclus, devrait accélérer son déficit en raison de l’appréciation du baril de pétrole.

En somme, la configuration actuelle du marché présente une corrélation positive entre le dollar américain et le prix du baril de pétrole. Un renforcement du dollar américain pèse sur les économies émergentes dont la croissance est significativement financée par le levier d’endettement en dollars américain. La hausse du prix du baril améliore l’activité des pays exportateurs nets de pétrole. Cependant, le Yuan est appelé à se déprécier avec le renforcement du dollar américain mais également avec l’appréciation du prix du baril qui pèse négativement sur sa balance commerciale. Etre sélectif parmi les émergents nécessite de trouver les économies peu concurrentielles de la Chine, peu financée en dollar américain mais avec une balance commerciale qui profiterait de la hausse du prix du baril.

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