Qu’est-ce que le Trading Haute Fréquence ?

Le Trading Haute Fréquence (THF), ou High-Frequency Trading (HFT) en anglais, est un mode de soumission d’ordres de Bourse ultra rapide (de l’ordre de la milliseconde, de la microseconde, voire de la nanoseconde si l’on prend en compte une partie seulement du processus) et entièrement automatisé, dont les prises de position, à l’achat comme à la vente, sont effectuées par des algorithmes quelque peu sophistiqués.

Cette pratique va de pair avec l’automatisation et la modernisation progressive des marchés financiers, les carnets d’ordres ayant peu à peu été automatisés et déplacés dans des centres de données derniers cris tels Basildon et Slough au Royaume-Uni, ou Mahwah, Aurora et Carteret aux Etats-Unis. Par ailleurs, cette pratique découle d’un processus de dérégulation et de libéralisation des marchés financiers entamé à la fin des années 1980, avec la privatisation des Bourses nationales, puis l’apparition de Bourses alternatives venues concurrencer les Bourses dites « traditionnelles ».

Le Trading Haute Fréquence (la pratique) donne son nom au Trader Haute Fréquence (l’institution), une firme ou une entité au sein d’une firme (un desk) construite autour d’une équipe d’ingénieurs en télécommunication, analystes quantitatifs et autres programmeurs  en C, C++, Java, Batch, Python, Perl, Bash, RoR, Shell ou autre langage utilisant leur propre capital (et non celui de leurs clients) et cherchant à minimiser leur latence, c’est-à-dire le temps entre la soumission d’un ordre et l’exécution de celui-ci, via l’utilisation de la colocalisation, autrement dit l’utilisation d’un serveur directement placé au cœur de la Bourse afin de gagner en réactivité, et/ou via un accès privilégié à l’information (abonnement aux flux de données). Cependant, le Trader Haute Fréquence peut aussi être un trader pour compte propre isolé ayant les connaissances nécessaires pour s’adonner à cette activité.

Les Traders Haute Fréquence (THFs) sont ainsi capables d’intervenir de façon chirurgicale dans les carnets d’ordres de différentes Bourses à travers le monde, et de profiter d’opportunités d’extrême court terme, généralement imperceptibles pour un trader humain, leur permettant d’empocher de tout petits gains de manière répétée (les petits ruisseaux faisant les grandes rivières). Leurs positions dans le marché sont donc éphémères, en raison d’un horizon d’investissement lui aussi extrêmement court, etfermées ou couvertes en fin de séance pour éviter tout décalage de prix pendant la nuit. Cinq stratégies sont majoritairement utilisées par les THFs : (1) la tenue de marché à haute fréquence, (2) l’arbitrage à haute fréquence, (3) le trading directionnel à haute fréquence, (4) le trading structurel à haute fréquence, et (5) la manipulation de cours à haute fréquence (cette dernière pratique étant bien évidemment illégale).

Bien que les Traders Haute Fréquence ne représentent que 2 % des participants, leurs transactions représentent une grande part du volume sur les différentes plateformes boursières, de l’ordre de 60 % du volume sur le marché actions américain, 40 % du volume sur le marché actions européen, et environ 30 % du volume sur le marché actions asiatique.

Finalement, la recherche empirique tend à montrer que le Trading Haute Fréquence est plutôt bénéfique, tout du moins dans des conditions de marché dites « normales » : réduction des coûts de transaction pour les investisseurs finaux, défragmentation des marchés, apport de liquidité et augmentation de l’efficience des marchés, sans pour autant négliger certains risques, notamment dans des conditions de marché dites « anormales » (marchés volatils), comme le risque de liquidité (krachs éclairs), le risque opérationnel ou technologique (bugs), le risque de contrepartie (faillite de firmes de THF faiblement capitalisées), le risque de manipulation des cours, ou encore le risque systémique (contagion).

Pour aller plus loin :

La vitesse de réaction des marchés financiers à l’ère moderne (Floris Laly, L’AGEFI)

Floris Laly est doctorant à l'Université catholique de Louvain, affilié à l'institut multidisciplinaire pour la modélisation et l'analyse quantitative (IMMAQ) et à Louvain Finance (LFIN), où il prépare une thèse en microstructure des marchés financiers portant sur les mini flash crashes et le trading à haute fréquence. Outre ses recherches en microstructure, il s'intéresse également à la gestion de portefeuille, à l'allocation d'actifs et à l'analyse technique. Diplômé de l'Université Bocconi et de l'Université Aix-Marseille, il a été assistant gérant de portefeuille dans un hedge fund basé à Londres, puis trader pour compte propre, avant de se diriger vers la recherche empirique. Il enseigne désormais l'économie et la gestion à la Louvain School of Management.

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