☆ ☆ Quelles limites au pouvoir de création monétaire d’une banque dans une approche théorique de type « multiplicateur de crédit » ?

Toutes choses égales par ailleurs, une banque peut créer de la monnaie en prêtant de la monnaie qu’elle n’a pas : elle profite du fait que ses déposants ne retirent qu’une fraction λ de leurs avoirs pour prêter le montant restant. Ce mécanisme permet de comprendre une première limite dans le pouvoir de création monétaire des banques: plus les déposants retireront de l’argent ou effectueront des opérations avec des clients d’autres banques (ou avec le Trésor Public, ce dernier ayant généralement un compte à la banque centrale), plus la banque va avoir de « fuites » dans ses dépôts. Les facteurs à l'oeuvre dans ce cas de figure correspondent à ce qui est communément appelé les facteurs autonomes, et, dans cette optique, la banque en question devra disposer de suffisamment de réserves pour répondre à ces facteurs. Des facteurs institutionnels sont également à l’œuvre : la banque centrale demande aux banques de mettre une partie de leurs réserves en « réserves obligatoires », ce qui diminue d’autant le montant des réserves disponibles pour répondre aux facteurs autonomes.

Dans cette optique on voit tout de suite une limite théorique se dessiner quant à la capacité de la banque à distribuer des crédits, et donc à créer de la monnaie[1] .

Le raisonnement proposé ici reste  théorique, et permet au passage de comprendre les potentielles conséquences d'une hausse du taux de réserves obligatoires dans un pays (toutes choses égales par ailleurs).


 

Julien P.


[1] Pour qu’il y ait une réelle limite théorique, il faut également supposer qu’une banque ne peut avoir de découvert auprès de la banque centrale ou bien obtenir comme elle le souhaite des refinancements auprès de celle-ci (c’est l’hypothèse adoptée par simplification dans le modèle du multuplicateur de crédit, bien que cela ne soit pas exact dans la pratique)

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